Benoît Saint Girons |
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Europe Inc. |
Comment les multinationales construisent l’Europe et l’économie
mondiale |
Un travail de recherche de titan sur un sujet tabou par excellence avec, au final, une énorme désillusion : l’administration européenne ne travaille pas que pour l’intérêt général des peuples européens ! On s’en doutait quelque peu mais on n’imaginait pas à quel point l’influence des industriels avait été prédominante dans toutes les phases de la construction européenne des quinze dernières années, de l’élargissement des pays membres aux déréglementations en passant par les projets d’infrastructures… A quel point l’Union Européenne était malade d’un déficit de démocratie… Certes, on ne peut empêcher aux industriels de défendre leurs intérêts… Mais lorsque ces intérêts se révèlent être aussi peu compatibles avec la santé publique, l’environnement ou l’emploi, on se demande ce que peut bien faire l’administration bruxelloise dans cette galère. Des magouilles ? Du copinage ? Une simple démonstration d’incompétence ? Non, la réponse est plus simple: de l’économie ! Bruxelles a fait sienne, contre l’avis des peuples, la logique néo-libérale : hors du business et des multinationales, point de salut ! Ce qui est bon pour les grosses boites (les PME restent, comme d’habitude, largement sous représentées) sera à terme bon pour tous et tant pis pour les anicroches du court terme ! On ne fait pas d’omelette sans casser des œufs ! Malheureusement, comme il fallait s’y attendre, l’omelette s’est révélée de piètre qualité : des poules élevées en batteries ne peuvent pondre des œufs Bio ! Les biotechnologies ne font pas de miracle et la puanteur des élevages coupe de toute façon l’appétit… Toutes les démonstrations des auteurs du livre, membres militants de l’Observatoire de l’Europe industrielle (CEO) basé à Amsterdam, n’aboutissent heureusement pas à démontrer la faillite morale complète des institutions (même si les auteurs rappellent en annexe – ils auraient pu commencer par ça – que l’ensemble de l’exécutif européen dû déjà démissionner en 1999 pour cause de fraude, népotisme et mauvaise gestion) : le bon sens résiste parfois au profit, les technocrates arrivent encore à fixer des limites à l’indécence, les citoyens se rebellent et les ONG, échaudées, veillent au grain. Reste que la liste de tous les organismes auxquels ont recours les industriels pour faire passer leurs messages nauséabonds est bien long et, qu’à la longue, devant autant d’acronymes aux noms aussi barbares que trompeurs, on frise la nausée… Trop, c’est trop ! C’est donc avec soulagement que l’on termine le livre, non sans avoir savouré en annexe, au passage, un petit listing des principaux méfaits des principales multinationales, invitation pour le lecteur-consommACTEUR à continuer les recherches… à poursuivre le combat ! |
Préface de Raoul Marc Jennar : |
« Pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que, par la disposition des choses, le pouvoir arrête le pouvoir » (Montesquieu, p15) A leur entrée en fonction, les membres de la Commission européenne prêtent le serment de promouvoir l’intérêt général et de n’accepter ni de solliciter d’instructions de la part d’aucun gouvernement, institution ni organisme. Ce serment n’a pas empêché Pascal Lémy, commissaire au Commerce de la Commission Prodi, de déclarer à Berlin, le 29 octobre 1999, devant les membres du lobby qui réunit les patrons les plus importants des deux rives de l’Atlantique, le Dialogue sur le commerce transatlantique [TABD] : « Nous ferons ce que nous avons à faire d’autant plus facilement que, de votre côté, vous nous indiquerez vos priorités » (p16) Commentaires du Mendiant : comme le rappelle une annexe de cet admirable livre, un rapport affirmait en 1999 qu’il devenait « difficile de trouver (au sein de la Commission) un individu possédant le moindre sens des responsabilités ». Et le sens des affaires ? |
I. L’Europe des grandes firmes : |
En fait, on peut dire que les lobbies industriels agissent en lieu et place de la base citoyenne dont la Commission est dépourvue (p31) Aujourd’hui, on estime à 3 000 le nombre de personnes qui font pression sur le Parlement, presque toutes directement employées par l’industrie (p33) Commentaires du Mendiant : 18 000 lobbyistes font aussi en permanence le siège de la Commission européenne de Bruxelles... |
II. Travaux de fondation : |
Avec l’aide d’agences de relations publiques, des compagnies énergétiques allemandes ont déjà monté de toutes pièces des groupes d’activistes bidons qui « militent » contre la construction d’éoliennes (p47) Commentaires du Mendiant : Qu’est-ce donc de nos jour qu’un expert ? Est-ce quelqu’un qui sait, quelqu’un qui croit savoir et qui le communique efficacement (le cas existe aussi d’experts qui savent mais qui communiquent sciemment le contraire !) ou quelqu’un de fort bien payé pour distiller un savoir spécifique ? Tous les experts ne sont évidemment pas corrompus (notamment parce que tout sujet d’étude n’est pas forcément rentable), mais tous les lobbyistes essayent de se faire passer pour des experts ou font appel à leurs services... |
III. Rédaction du script : la Table ronde des industriels [ERT]: |
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IV. L’UNICE, une machine de pression bien huilée: |
L’Union des confédérations industrielles et patronales européennes se plaignit bruyamment de la mise en place de nouvelles réglementations concernant l’environnement ou la santé qui pourraient porter atteinte à la compétitivité industrielle (p97) Un « monstre absolu », c’est ainsi qu’un lobbyiste écologique basé à Bruxelles qualifie l’UNICE : « […] Ils prennent des positions épouvantables par rapport à l’emballage, l’incinération ou le recyclage et affirment considérer les technologies non polluantes comme une plaisanterie. Ils bataillent vigoureusement en faveur d’accords volontaires de sorte que les politiques écologiques ne puissent être, en fin de compte, déterminées que par l’industrie. » (p102) Commentaires du Mendiant : Il faut croire que des personnes en bonne santé dans un air sain ne sont pas d’aussi bon consommateurs… de médicaments… La peur, les complexes et la maladie sont des marchés de choix ! |
V. L’AMCHAM au diapason des chœurs industriels de Bruxelles: |
Le comité européen des Chambres américaines de commerce exhorta cyniquement l’Union à « se défaire de son sens rigide de la nomenclature » et à reclasser l’incinération parmi les procédés écologiques (p109) Selon Russell, l’AMCHAM demande continuellement « une augmentation des pouvoirs de Bruxelles – avec probablement plus d’insistance encore que l’industrie européenne, qui reste dépendante des intérêts spécifiques de certains Etats membres » (p110) Commentaires du Mendiant : Les Américains s’y connaissent en matière de démocratie… |
VI. L’AUME : la brosse à reluire de l’Union européenne: |
La politique monétaire étant désormais du ressort de la Banque centrale européenne, les gouvernements des Etats membres perdent un des instruments politiques les plus cruciaux dont ils disposaient jusqu’alors pour réagir aux crises économiques (p122) Selon une estimation modérée, on pouvait prévoir , dès 1998, que la fusion-mania européenne résultant de la monnaie unique , mettrait au chômage, dans son sillage, un vingtième des employés de l’industrie. (p123) La possibilité de travailler sur l’ensemble de l’Europe donne aux grandes firmes un énorme avantage sur les entreprises de moindre envergure produisant sur les marchés locaux […] Cette tendance n’entraîne pas uniquement des pertes d’emplois mais également une augmentation écologiquement dangereuse du transport des produits sur de longues distances. (p124) Les analystes économiques comparent à juste titre la monnaie unique à un « cheval de Troie » : une façon sournoise d’introduire de spectaculaires changements structurels porteurs de dangereuses conséquences sociales […] (p126) Commentaires du Mendiant : Le mandat unique de la BCE de lutter contre l’inflation est une erreur que les peuples européens n’ont pas finit de payer, notamment en payant tout plus cher ! |
VII. Les lobbies et les traités : le cas d’Amsterdam: |
« L’UNICE est formellement opposée à l’introduction dans le traité de la Charte sociale ou de tout autre ensemble de droits sociaux fondamentaux ainsi qu’à l’idée selon laquelle l’Union devrait accepter la Convention européenne sur les Droits de l’homme et les libertés fondamentales. » (Unice, 15 mars 1996, p 137) Commentaires du Mendiant : L’Union des confédérations industrielles et patronales européennes ose écrire qu’elle préfère des moutons? |
VIII. De l’huile dans les rouages : l’infrastructure européenne des transports: |
Avec un budget total estimé à 400 milliards d’euros pour sa première phase, le réseau transeuropéen [TEN] est le plus important programme d’infrastructures de transport de l’histoire mondiale. (p149) Entre 1985 et 1995, la quantité de gaz carbonique générée par le transport routier a augmenté d’un tiers. Les ONG écologistes prévoyaient que la réalisation du TEN entraînerait la destruction de plus de 60 sites naturels de première importance en Europe. (p150) En réduction sur les 30% de 1970, seuls 14% du fret était transporté en 1999 par voie ferroviaire en Europe (p167) Commentaires du Mendiant : Il est tout de même formidable que les citoyens européens financent ainsi les outils de la délocalisation… |
IX. L’Europe gavée par le lobby biotechnologique: |
Dans la hiérarchie européenne, c’est la Commission qui a le dernier mot lorsqu’il s’agit d’approuver la mise en circulation de tels produits dans le Marché unique. Dans le cas du maïs [censuré], une écrasante majorité des gouvernements européens avait refusé de lui accorder le feu vert. La Commission décida, quoi qu’il en soit, d’en autoriser la commercialisation, forçant ainsi tous les pays membres à accepter cet aliment controversé. (p176) Cette réglementation permet le brevetage de gènes, de cellules, de plantes, d’animaux, d’organes humains et d’embryons génétiquement modifiés ou clonés. Pour quelle raison le Parlement, seul organisme européen directement élu, vota-t-il contre l’avis de la majorité des Européens ? (p181) Sans apporter aucune preuve consistante, le rapport proclamait que la biotechnologie générerait trois millions d’emplois avant 2005 (p182) La firme a également très efficacement manipulé et instrumentalisé les groupements d’intérêts de malades […] (p184) Tous s’insurgent contre le fait que cette législation assurera le monopole des industriels sur la vie elle-même […] et condamnent les « bio-prospecteurs » qui extorquent aux populations indigènes leur savoir collectif en brevetant leurs plantes médicinales ou même leur propre matériel génétique. (p187) Commentaires du Mendiant : Les industriels ont certes obtenu leur absurde réglementation mais comme les citoyens demeurent opposés à la génétique (sauf lors du Téléthon annuel), cela ne leur sert pour le moment pas à grand chose… La méconnaissance (et le non respect) de la nature par les industriels sera une autre cause d’échec : une plante ne soigne pas avec une molécule unique, fût-elle brevetée ! |
X. La mondialisation régie par l’industrie: |
Le palmarès écologique et social de l’OMC est plutôt catastrophique : les grandes firmes ont été les bénéficiaires satisfaites des traités qu’on y a signés alors que, à travers le monde, les populations locales et la petite paysannerie ont eu à en souffrir. (p200) La crise financière des dernières année de la décennie 1990 a démontré l’alarmante instabilité d’une économie mondiale déréglementée […] En juin 1999, la Banque mondiale estimait que près de 200 millions de personnes avaient été plongées dans une « indigne pauvreté » suite au krach financier. Faisant passer de ce fait le nombre total de personnes vivant dans la pauvreté à plus de 1,5 milliard […] Il est clair que l’Europe voulait éviter un débat sur les effets catastrophiques de la déréglementation débridée, puisque son ambition est de renforcer ces politiques par le biais de l’OMC. […] Sous sa forme actuelle, la mondialisation est responsable d’une aggravation spectaculaire des inégalités à l’échelle planétaire (p202) Alors que l’économie mondiale croît de 2 à 3% chaque année, les multinationales connaissent, elles, de façon caractéristique, des taux de 8 à 10% (p204) Bien que les multinationales se présentent comme des créatrices de richesse et d’emplois, les chiffres le contredisent […] Entre 1993 et 1995, le chiffre d’affaire global des cent plus importantes multinationales a augmenté de 25%. Elles ont, dans le même temps, réduit de 4% leur main-d’œuvre globale de 5,6 millions d’employés – soit plus de 225 000 personnes sur le carreau. […] Ces sous-traitants sont souvent adroitement mis en concurrence les uns avec les autres […] (p206) Commentaires du Mendiant : Il faut croire que la misère des autres est, pour les puissants, une source de satisfaction (« Nous sommes plus intelligents que vous ») et de profits (« Vous vous laisserez plus facilement exploités ») Le krach aura au moins eu le mérite d’aider des milliers de personnes à réaliser que la spéculation n’était pas une manière judicieuse de gagner sa vie. |
XI. La connexion transatlantique: |
Les éco-labels étaient présentés par [censuré] comme le reflet « de valeurs culturelles locales ou d’inquiétudes écologiques spécifiques [qui] constituent une discrimination contre la concurrence internationale ». […] La présence sur l’étiquette d’informations nutritionnelles et les lois « très restrictives » de l’UE sur les additifs alimentaires font également partie des habitudes à déréglementer.(p217) Commentaires du Mendiant : De toute manière, la plupart des consommateurs ne lisent pas les étiquettes et sont davantage attirées par les publicités que par les informations nutritionnelles. Reste les éco-labels, label BIO en tête, qui permettent effectivement de consommer sans crainte. |
XII. L’AMIgalomanie : l’agenda mondial d’investissement industriel & l’opposition des mouvements de citoyens: |
L’AMI aurait exigé des pays signataires qu’ils ouvrent tous les secteurs de leurs économies et donnent le droit aux multinationales de porter plainte contre les politiques des gouvernements nationaux devant des groupes d’arbitrage non transparents. En réalité, l’accord aurait subordonné les priorités nationales et locales aux besoins et aux exigences des investisseurs internationaux. (p243) Les ONG canadiennes et américaines, indignées de la façon dont l’OCDE avait gardé secrètes les négociations, firent promptement figurer ce texte sur leurs sites internet (p250) Les ONG avaient appliquées ce qui fut appelé la « stratégie Dracula » : porter simplement à l’attention du public un traité qui ne supporte pas la lumière du jour. (p252) Commentaires du Mendiant : Un faux ami… |
XIII. L’OMC rédige la constitution de l’économie mondiale: |
Une très forte pression des Etats-Unis et de l’Europe forcent le plus souvent les pays du Sud à accepte des offres contraires à leurs intérêts (p260) En 1995, 90% du bétail américain était traité aux hormones (p262) Alertée par un nombre de plus en plus important d’indices laissant à penser que certaines hormones naturelles et synthétiques sont liées à l’augmentation de cas de cancer, la Commission décida de ne pas lever cette interdiction en dépit des directives de l’OMC (p263) Devant le refus de l’Europe, l’OMC autorisa les Etats-Unis (et le Canada) à prendre des sanctions qui se traduisirent par des droits de douane portés à 100% sur 60 produits alimentaires européens, dont le Roquefort (p264) On estime que 80% des brevets concernant les produits et les technologies dans les pays du sud sont détenus par des multinationales (p270) Commentaires du Mendiant : Preuve que l’Europe n’est pas encore entièrement entre les serres des lobbies industriels. Mais où était le lobby des producteurs de Roquefort ? |
XIV. Débarquement sur Planète Inc.: |
L’organisation industrielle la plus efficace – et la plus ambitieuse – est, sans aucun doute, la Chambre internationale de commerce [CIC] (p289) Commentaires du Mendiant : Cyniques Industries Chimiques (à moins que ce ne soit Criminelles ?) |
XV. Rencontres de l’élite mondiale : les rejetons du groupe Bilderberg: |
Mais la vedette fut incontestablement tenue par le Pacte Global, initiative proposée à Davos dès 1999 […] Ce pacte repose sur neuf principes de base, relatifs au travail, à l’environnement et aux droits de l’homme […] L’intérêt pour les entreprises est qu’il n’est prévu aucune mise en œuvre obligatoire, aucune évaluation indépendante et aucune sanction. C’est un pacte inoffensif mais d’une immense valeur symbolique pour les grandes entreprises préoccupées par la montée de la suspicion des consommateurs à leur égard. (p300) Commentaires du Mendiant : Les industriels sont toujours prêts à dépenser des fortunes pour leur image de marque : cela s’appelle le marketing ! |
XVI. Détournement du développement durable par les lobbies industriels: |
Le Conseil mondial des affaires pour le développement durable [WBCSD] accueille certaines des compagnies les plus polluantes du monde et peut, depuis sa création, être tenu pour partiellement responsable du quasi-immobilisme constaté à l’échelle mondiale dans les domaines de l’environnement et du développement. (p303) De nombreuses ONG dénoncèrent le « kidnapping » du Sommet de la Terre de Rio de 1992 par les lobbies industriels. (p.304) Le Conseil mondial des affaires pour le développement durable est donc spécialisé dans le « verdissement » de la réputation de certaines des compagnies les plus agressives et nuisibles du monde. (p310) Commentaires du Mendiant : Du vert pour masquer les tâches ? Il faudra de nombreuses couches… |
XVII. Comment l’industrie profite des menaces de changements climatiques: |
Les négociations internationales sur le climat ne sont plus que des accords commerciaux autorisant les pays du Nord et les multinationales à polluer. (p319) L’accord participe à faire des émissions un objet d’échange. […] L’échange de quotas d’émission de gaz à effet de serre permet aux 39 gouvernements qui se sont engagés à des réductions collectives d’émissions polluantes de se vendre ou s’acheter des « autorisations de polluer » (p321) C’est une offensive mondiale sans précédent des lobbies pétroliers, automobiles, miniers, chimiques et nucléaires qui est à l’origine de l’adoption de solutions basées sur le marché (p322) Responsable de 25% des émissions mondiales de gaz carbonique, les Etats-Unis furent le quartier général d’où partirent les offensives les plus agressives contre l’adoption de toutes mesures contraignantes (p323) Parmi d’autres coups tordus, la Coalition a mené, à la fin des années 1990, une grande campagne de désinformation de plusieurs millions de dollars afin de semer le doute dans l’opinion publique grâce à de beaux rapports (quoique scientifiquement douteux) diffusant des avertissements inquiétants sur l’accroissement du chômage qui résulterait de la réduction des émissions […] La Coalition a financé aussi des scientifiques « sceptiques » pour semer le doute sur l’existence même de changements climatiques […] (p324) Commentaires du Mendiant : Dans le même style de compromissions, la rédaction des recommandations nutritionnelles officielles est aussi souvent confiée en France à des chercheurs proches de l’industrie agro-alimentaire… Méfions-nous des experts ! |
XVIII. Quand l’ONU drague l’industrie: |
Selon des documents qui auraient dû rester confidentiels, le projet élaboré dans le cadre du Programme des Nations unies pour le développement [PNUD] se proposait, avant 2020, de « mettre fin à la pauvreté, de créer une croissance économique durable et de permettre au secteur privé de prospérer grâce à l’intégration à l’économie mondiale de deux milliards de personnes supplémentaires » […] Pour 50 000 dollars, vingt transnationales bien connues – notamment, pour plusieurs d’entres elles, en raison d’un comportement social et écologique laissant gravement à désirer […] – participaient à la réflexion sur le projet de Fonds mondial. (p347) Le PNUD se vantait du fait que ce projet ferait bénéficier les multinationales « d’une reconnaissance mondiale pour leur coopération avec l’ONU-PNUD » et qu’un logo « Fonds mondial pour le développement durable » permettrait à l’industrie de mettre cette coopération en valeur. (p348) Commentaires du Mendiant : pourquoi un tel projet aurait-il dû rester confidentiel ? L’ONU avait-il quelque chose à se reprocher ? Une trop grande promiscuité avec les industriels, peut-être, ou bien sa transformation en agence de publicité ? ONU = On nous utilise ! |
XIX. Alternatives économiques & politiques: |
La complexité et l’opacité du dispositif institutionnel européen rendent pratiquement aussi invisibles qu’incompréhensibles les stratégies de pressions : qui fait pression sur qui ? sur quels problèmes et avec quels effets ? (p375) Les règles du Parlement européen sont finalement beaucoup moins rigoureuses que celles du Lobbying Disclosure Act américain, qui oblige les entreprises et les lobbies à produire tous les six mois un rapport concernant leurs dépenses liées aux activités de pression. (p378) Les politiciens sont esclaves de l’idée qu’il n’existe pas de solution alternative à l’actuelle domination des multinationales sur l’économie (p380) Les réglementations actuelles de l’Union européenne sont souvent plus nuisibles que favorables aux objectifs sociaux et écologiques (p381) Le pouvoir des consommateurs individuels ne devrait pas être sous estimé. La consommation éthique […] représente un potentiel énorme, de même que les boycotts qui forcent les compagnies à écouter les consommateurs. (p383) Et si les citoyens du monde entier continuent de refuser l’agenda politique fixé par l’industrie, sa puissante emprise sur le travail, les populations et nos vies commencera à se fendiller. (p386) Commentaires du Mendiant : Une autre proposition pour le Programme du Mendiant : obliger les industriels à détailler leurs pressions politiques ? Tant qu’à rêver, pourquoi ne pas révéler aussi les manipulations qu’ils font subir aux consommateurs à coups de pub et de marketing ? Les citoyens du monde peuvent être intéressés par la consommation éthique mais ils peuvent aussi être dégoûtés de la malbouffe ou des biens de consommation par une information sur les ingrédients ou composants chimiques utilisés et leurs effets nocifs sur la santé… La carotte et le bâton… |
De Seattle à Florence. Postface: |
Les dirigeants de l’Union ont décidé d’accélérer la déréglementation dans le but de créer un environnement favorable aux entreprises. […] Daniel Janssen parle à ce sujet d’une « double révolution ». Selon lui, le principe de cette révolution est, d’une part, de « réduire le pouvoir de l’Etat et du secteur public en général par le biais des privatisations et de la déréglementation », d’autre part, de « transférer l’essentiel des pouvoirs des Etats-nations à une structure plus moderne au niveau européen dotée d’un état d’esprit international » (p394) Commentaires du Mendiant : Et l’on s’étonne que les Français aient rejetés le projet de Constitution… Si l’Europe était tournée vers les peuples plutôt que vers le Business, elle rencontrerait plus d’enthousiasme ! |
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Commander Le Mendiant et le Milliardaire
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