Les lectures du Mendiant contre le système: Les médicaments sans tabou
Les médicaments sont utiles... mais pas toujours
et pas n'importe comment! De la
surconsommation aux effets secondaires le Pr Claude Béraud
relativise notre vision de ces substances chimiques...
Benoît Saint Girons
L e s l e c t u r e s
d u M e n d i a n t
Les médicaments sans tabou
Pièges, mensonges et vérités.
► Pr Claude Béraud
Librio, E.J.L., 2005
Le Pr Claude Béraud, ancien vice-président de la commission de transparence
de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, présente
sur une cinquantaine de pages l'essentiel de ce qu'il convient de savoir sur
les médicaments.
Bien sûr que les médicaments sont utiles... mais pas toujours ceux que l'on
croit et pas n'importe comment! De la surconsommation aux effets secondaires
en passant par l'absence assez fréquente d'efficacité, notre vision de ces
substances « pas comme les autres » ne sort pas indemne de la lecture de ce
petit livre.
Bien évidemment, le livre aurait pu être plus épais, si l'auteur avait par
exemple entrepris de présenter des alternatives aux substances chimiques, en
dehors des considérations psychologiques et de l'écoute qui, comme le
soulignent l'auteur, ne sont plus enseignés en école de médecine. Car c'est
bien là le problème: quelles alternatives naturelles à des médicaments
inefficaces ou potentiellement dangereux mais dans tous les cas coûteux ? Ce
livre pourra servir d'introduction pour une prise en charge plus générale de
sa propre santé. De ce point de vue, il est précieux!
Introduction
La consommation des médicaments n’a jamais été aussi grande, surtout chez
les Français, qui arrivent en tête en Europe dans ce domaine. Ils prennent,
en moyenne, une boîte de médicaments par semaine, soit deux ou trois fois
plus que leurs voisins européens ! S’en portent-ils mieux que les autres ?
Hélas non, cet usage abusif fait même d’énormes dégâts humains et a un poids
économique considérable. (p.7)
Commentaires du Mendiant : Cocorico !
1. Un produit pas comme les autres
Aussi étonnant que cela puisse paraisse, nombreux sont les médicaments dont
l’efficacité médicale n’a pas été démontrée. Si nombreux en vérité qu’il
serait fastidieux de les énumérer. […] La commercialisation des médicaments
inefficaces est liée à l’ancienneté de leur mise sur le marché, qui,
autrefois, était facilement autorisée […] Les dossiers fournis par les
industriels pour obtenir cette autorisation étaient squelettiques et les
arguments à l’appui de leur demande sans aucune valeur scientifique. En
France, il a fallu attendre novembre 1972 pour que la réglementation impose
enfin aux produits proposés une démonstration scientifique […] Par la suite,
tous les produits dont la composition était proche de celle des vieux
remèdes purent obtenir cette autorisation, « dans un souci égalitaire » et
furent remboursés par l’assurance maladie […] On peut s’étonner qu’un
médicament sur cinq soit remboursé par l’assurance maladie alors qu’il ne
rend aucun service médical à la population. […] En fait, les industriels
brandissent l’argument de l’emploi pour imposer leur logique dans les
négociations. Selon eux, des milliers d’employés seraient au chômage si ces
médicaments n’étaient pas remboursés par l’assurance maladie. (p 10-12) A
quelques exceptions près, les industriels français, n’ayant pas découverts
de médicaments innovants au cours de ces vingt dernières années, n’ont pu
développer leur chiffre d’affaires qu’en vendant davantage leurs vieux
produits inefficaces. (p13) Le nombre des sujets hospitalisés pour un
accident médicamenteux est estimé à 140 000 par an et le taux de mortalité
de ces malades s’élèverait à 9%, soit 13 000 victimes […] Selon une étude
portant sur des malades de plus de soixante-dix ans, une ordonnance sur dix
soulève des problèmes de sécurité et une sur cinquante serait dangereuse si
elle était suivie à la lettre par le patient (p20)
Commentaires du Mendiant : Le nombre de victimes est deux fois supérieur au
nombre des accidentés de la route mais le gouvernement demeure les bras
croisés, comme le révèle les nombreux scandales de la revue de presse
consacrée à la santé. A quand une Sécurité Sanitaire et des radars chez les
médecins ?
2. Les bons réflexes
En France, après avoir décroché son diplôme de médecin, il est possible
d’exercer durant quarante ans la médecine sans ouvrir un livre ni même une
publication médicale […] 30 à 40% des prescriptions de médicaments ne sont
pas légitimes et se révèlent souvent dangereuses (p23) 50% des patients qui
consultent leur généraliste présentent des symptômes sans rapport avec une
maladie. Il en va de même pour 30% des patients s’adressant aux spécialistes
[…] les traitements médicamenteux échoueront régulièrement s’ils se
substituent à une véritable écoute du patient. (p29) A l’université, les
médecins apprennent à identifier les maladies et à les traiter, mais ils
n’apprennent plus comme autrefois à prendre soin des hommes. (p30) De la
qualité de la relation médecin-malade, de la réponse humaine, et non des
médicaments, dépend le plus souvent l’évolution des symptômes. (p32)
Commentaires du Mendiant : Nous avons le choix. La maladie peut être
considérée, soit comme une « Altération dans la santé… Etat de ce qui est
gâté », soit comme une communication naturelle de mon organisme, une
réaction naturelle à un déséquilibre. Nous pouvons à la moindre affection,
soit nous précipiter chez le médecin et la trousse à pharmacie, soit
ralentir un peu et faire confiance à la nature. Nous avons le choix entre
hurler « Ô mon Dieu que je suis malade ! » ou bien alors remercier notre
organisme pour l’action qu’il est en train de mener. « Nous ne sommes pas là
pour guérir de nos maladies, mais nos maladies sont là pour nous guérir »
disait déjà Carl Gustav Jung. (Extraits de l'Autre Choix. Voir aussi
www.maisondubienetre.com )
3. La sécurité des médicaments
Des centaines de milliers de malades ont abrégé leur vie en prenant des
médicaments qui leur avaient été prescrits par leur médecin. Les exemples
abondent. Des médicaments destinés à corriger les troubles du rythme
cardiaque ont tué plus d’Américains que les guerres d’Indochine et de Corée.
Les nouveaux anti-inflammatoires ont été à l’origine d’environ un million
d’accidents cardiovasculaires qui ont entraîné la mort de dizaines de
milliers de malades. Le traitement hormonal de la ménopause a joué un rôle
important dans l’explosion des cancers du sein. Et l’on sait aujourd’hui que
les antidépresseurs ont très probablement été responsables de nombreux
suicides et de violences meurtrières. (p36-37) Les industriels vendent 80%
de leurs produits aux populations des pays riches qui pourtant ne
représentent que 15% de la population mondiale. (p41)
Commentaires du Mendiant : Les personnes âgées sont les plus à risque
puisque, passé 75 ans, elles prennent en moyenne 5 à 6 médicaments
différents par jour. La canicule avait fait scandale mais personne n'a osé
remettre en cause les surprescriptions qui affaiblissent le système
immunitaire. Il est vrai que la nature n'est pas un lobby très puissant...
4. Le business du médicament
En France, les industries pharmaceutiques constituent, avec les entreprises
de construction, le secteur où la rentabilité financière est la plus élevée.
Elles affichent un excédent brut d’exploitation qui atteint 41% (p42)
Prescripteurs, patients, producteurs de médicaments et citoyens ont chacun
une part de responsabilité. Lorsque le médecin veut clore une consultation,
il sort un bloc d’ordonnance et le malade se saisit de son portefeuille ou
de son carnet de chèques. Les interlocuteurs échangent ces documents et se
serrent la main. En France, la quasi-totalité des consultations se termine
ainsi, alors que dans certains pays européens, en Hollande notamment, moins
de la moitié des rencontres avec un médecin conduit à une prescription
médicamenteuse. (p44) Pour renforcer cette pression, les firmes n’hésitent
pas à créer et à financer des associations de malades : celles-ci exigeront
que les procédures réglementaires d’autorisation soient accélérées afin que
les médicaments puissent être prescrits au plus vite. (p45) Chaque trouble a
justifié la prescription d’un médicament. Le médecin a appris à traiter les
maladies, mais jamais personne ne lui a appris à soigner les malades qui
n’ont pas de maladie et qui remplissent les cabinets de consultation. Les
malades et les médecins sont les victimes d’un système dominant de pensée
qui fait de la médecine et de ses moyens, notamment les médicaments, la
seule réponse possible à la souffrance humaine et à la maladie. Ils
subissent également une conception biomédicale de la médecine qui […]
conduit à une représentation de plus en plus segmentée du patient. (p48)
Depuis une dizaine d’années, les industriels n’inventent plus guère de
produits réellement innovants. Ils cherchent en revanche par tous les moyens
juridiques à retarder l’introduction des génériques afin de maintenir leurs
profits. […] Recommander le médicament pour un trouble qui ne figurait pas
dans les indications précédentes peut ajouter des années supplémentaires de
protection si la commission d’autorisation de mise sur le marché l’autorise.
(p50) Prescrire des génériques oblige les industriels à développer leurs
programme de recherche. […] En 1998, la moitié des médecins déclarait que
jamais ils ne prescriraient des génériques. (p51) La logique qui s’impose
est celle des industriels, dont l’objectif n’est pas d’améliorer la santé de
la population mais d’accroître les bénéfices de l’entreprise et de
développer le marché. (p52) Les prix des médicaments n’ont pas tenu compte
de leur valeur thérapeutique et de leur utilité mais des politiques
industrielles (p53) Les trois quarts de la croissance des dépenses de
médicaments sont liés à l’augmentation de la prescription des médicaments
nouveaux, plus chers, aux dépens des plus anciens, qui dans 90% des cas sont
aussi efficaces, moins dangereux, et moins coûteux. Et si les médecins
optent pour les médicaments les plus chers, cela tient d’abord à leur
ignorance de la valeur ajoutée réelle des nouveaux produits. […] Les
industriels ne font pas ou très peu de recherche fondamentale, et ils ne
découvrent rien. En revanche, ils utilisent les résultats de la recherche
réalisée dans le secteur public, non brevetable, pour inventer des
médicaments qu’ils font immédiatement breveter pour posséder des droits de
propriété intellectuelle. (p54) Au total, moins de 5% des « nouveautés »
arrivant chaque année dans les pharmacies ont une valeur ajoutée médicale
importante (p55)
Commentaires du Mendiant : Business qui, rappelons-le, s'est élevé à 600
milliards de dollars en 2005, en augmentation seulement de 7%. Il est vrai
que les campagnes de désintoxication style « les antibiotiques, c'est pas
automatiques » et le développement des génériques font beaucoup de tort à
l'industrie (du moins en Occident). Si le "marasme" continue, Big Pharma
devra-t-il avoir recours aux antidépresseurs ? A noter que figure en annexe
du livre le listing de 835 médicaments jugés insuffisants. Mais bon, arrivé
à la fin du livre, on n'a plus vraiment envie d'être malade de toute façon!
Cette page n'a pas vocation à remplacer la lecture du livre mais au
contraire à en encourager la lecture et la diffusion. Les passages
(subjectivement) jugés les plus représentatifs ont été retranscrits ici mais
il y en a de multiples autres! A vous de les découvrir...
Sens du Tao, Mendiant, Contes à rebours, Contentement
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