L e s   D o s s i e r s
d u  M e n d i a n t

    

Le Mendiant contre la pollution...


– Si je vous comprends bien, nous serions donc les victimes d’un gigantesque complot ?
– Ce serait trop beau et trop facile de rejeter ainsi la responsabilité sur les autres ! Le système est plutôt comme la pollution dont parle Hubert Reeves : non pas un gros problème mais six milliards de petits problèmes ! Évidemment, il ne sert pas à grand-chose de s’y attaquer frontalement. Suivant le principe de l’aïkido, il conviendrait plutôt d’utiliser son énergie afin de l’orienter dans une direction plus positive. Et l’énergie du système, c’est l’argent. C’est par l’argent que nous pouvons vaincre !
– Je serais bien curieux d’apprendre comment.
– Ça, c’est justement l’objet du livre…

Dialogue entre Samuel et la bibliothécaire
Extrait du conte philosophique Le Mendiant et le Milliardaire

 

VIDEO "LA PETITE QUI REVELE TOUT"



"Les pollutions" (3'28)


 


Les tests réalisés en avril 2004 à l’initiative du fond mondial pour la nature (WWF) ont décelé dans le sang des parlementaires européens une cinquantaine de produits chimiques toxiques dont des résidus de pesticides retirés du marché depuis des années, de phtalates ou de retardateurs de flamme bromés.. (Quand notre sang est pollué, Sciences et Avenir, Mai 2004, p.24)

Aucun doute selon le magazine Que Choisir : « les logements et la population sont contaminés par un cocktail inquiétant de molécules », sans qu’il soit pour le moment possible de connaître avec précision leur impact sur la santé (Elisabeth Chesnais, Substances chimiques : le grand ménage, Que Choisir, Février 2005, p. 26) Selon un rapport publié en septembre 2006 par le WWF, des produits chimiques ont été retrouvés dans les aliments consommés partout en Europe – aussi bien dans les produits laitiers que dans le poisson ou la viande.
 



Dessin Jean Philippe Combaz pour Satoriz
 

« Faut-il vivre sur une autre planète ? » se demande même le magazine ça m’intéresse, en rappelant que des traces de PCB (dérivés chlorés utilisés dans les transformateurs électriques et les appareils hydrauliques industriels, interdits chez nous depuis vingt ans) ont été retrouvés dans la viande de… baleine ! (Hors série N°14, octobre 2006, p.32) Mêmes les peuplades les plus reculées sont ainsi victimes de nos errements et gabegies…

Suivons les baleines et rendons-nous maintenant au Canada : les malades de la clinique d'Halifax ont développé une hypersensibilité chimique multiple (MCS en anglais). Eaux de toilettes, parfums d’ambiance, déodorants, produits ménagers, savons, shampoings mais aussi encre du journal : la moindre trace de chimie dans ces produits déclenche chez eux des troubles respiratoires, digestifs et/ou cutanés, des céphalées ou des maux de gorge. Difficile dès lors pour eux de mettre le nez dehors puisque nous sommes cernés par le synthétique. Même l’odeur de la baguette chaude du boulanger n’est souvent plus qu’un attrape-parfum pour attirer le chaland… En France, l’Association SOS-MCS regroupe une cinquantaine d'adhérents mais nous pouvons malheureusement nous attendre à ce que leur nombre explose… 7% des français sont déjà allergiques et l’OMS classe l’allergie au 4e rang des fléaux mondiaux…
 


« Les tumeurs de la prostate et les maladies de Parkinson ont triplé depuis vingt ans, les cancer du sein ont doublé, tout comme les cas d’Alzheimer. Les leucémies de l’enfant augmentent chaque année de 2% et la fertilité des couples ne cesse de baisser, alors que le taux moyen de spermatozoïdes chez les hommes a diminué de 50% en moyenne en l’espace de deux générations. Ce phénomène […] est, on le sait maintenant, le résultat de la contamination par les pesticides et les produits chimiques. Trois études internationales ont montré que le sang des cordons ombilicaux des nouveaux-nés contient des centaines de molécules toxiques. » rappelle le journaliste Gilbert Charles dans son article Produits chimiques : l’effet meurtrier (L’Express, N°2888, 9 novembre 2006, p. 106) « Si rien n’est fait, c’est la survie même de l’espèce humaine qui est menacée » insiste Dominique Belpomme, professeur de cancérologie à l’hôpital Georges-Pompidou et initiateur de l’Appel de Paris, pétition dénonçant les dangers de la pollution chimique.
 



Dessin Jean Philippe Combaz pour Satoriz
 

Mais que feront donc les industriels de la chimie si l’espèce humaine disparaît ? Où iront-ils chercher leurs CONsommateurs ? En attendant, compatissons quand même (un peu) avec eux. Le magazine Que Choisir a en effet lancé fin 2004 « une campagne particulièrement malveillante […] fondée sur des amalgames et imprécisions » envers les fabricants de désodorisants d’atmosphère en osant tester 35 parfums d’ambiance disponibles dans le grand commerce. Ses conclusions: quasiment tous les produits (des déodorants synthétiques aux encens en passant par le papier d’Arménie, les bougies ou la lampe berger) seraient nocifs pour la santé ! (Elisabeth Chesnais, Polluants d’ambiance, Que Choisir, Décembre 2004, p. 56 et numéro de Février 2005, p. 30 pour le communiqué des industriels.)

Et comme si cela ne suffisait pas, voilà que la Commission Européenne s’en mêle. Son projet REACH prévoyait ni plus ni moins que les industriels fassent des tests avant de mettre un nouveau produit chimiques sur le marché (1000 produits chimiques nouveaux sortent tous les ans…) Accessoirement, elle demandait aussi aux chimistes d’étudier les effets des 100 000 substances de synthèses déjà commercialisées en Europe (1% seulement aurait fait l’objet d’étude toxicologiques complètes) et de supprimer les substances nocives.

« Trop coûteux ! » ont répondu les industriels de mauvaise foi (le coût aurait représenté 0,5% seulement de leur chiffre d’affaires), tout en rappelant qu’ils représentaient des centaines de milliers d’emplois… En effet, l’industrie chimique en Europe, fabrique 400 millions de tonnes de produits par an, pèse 530 milliards d’euros de CA et représente 170 000 emplois. (Rachel Fléaux-Mulot, Bruxelles : la compétitivité avant la santé, Sciences et Avenir, Décembre 2004, p. 46)

Qu’est-ce donc, au regard de la santé de 450 millions de consommateurs européens ? Suffisamment ont pensé le chancelier allemand, le président français et le premier ministre britannique, qui ont fait pression pour que la Commission révise sa copie. Après cinq années de palabres, les législateurs Européens ont à priori reculé… et, pour le moment, l’économie continue à primer sur la santé publique… (Que Choisir N°443, décembre 2006, p. 6)
 


« Entre douze et quinze heures par jour, nous respirons un air bien plus pollué que celui de nos rues. Et ça se passe chez nous, à la maison ! […] Dans un logement sur deux, le taux de poussières fines (venue entre autres des sols plastique) est supérieur au maximum acceptable pour l’air extérieur. […] Les fabricants de meubles […] pourraient être obligés d’afficher les niveaux d’émission de leurs bois contreplaqués et agglomérés. » souligne la magazine Capital dans son excellent dossier sur les diverses formes de pollutions (Capital N°185, Février 2007)
 



Dessin Jean Philippe Combaz pour Satoriz
 

La pollution de l’air, de l’eau, des fruits et légumes, nous sommes désormais plus ou moins au courant mais nous pensions être encore à peut prêt préservé dans notre petit cocon douillet intérieur… Manque de chance, c’est là que nous subirions le plus d’attaques chimiques ! Dès 2002, Que Choisir alertait les Français : « Trois logements sur quatre pollués par des substances chimiques. » Et il ne s’agissait évidemment pas d’habitations de fumeurs ou situées au dessus d’une station essence…

O.K., nous nous doutions bien que nos produits ménagers n’étaient pas tous composés d’extraits de plantes... Nous savions aussi, au moins depuis fin 2004 (Article de Que Choisir) que les déodorants d’intérieur étaient néfastes pour notre santé. Cela nous a permis de faire un tri sélectif et, désormais, pensions-nous, nos intérieurs respiraient le propre au naturel… C’était sans compter sur la perversité des industriels…

Nos murs ? Affectés via les peintures (à un niveau toutefois moindre qu’autrefois). Nos sols ? Affectés via les moquettes, les PVC ou la plupart des parquets. « La plupart des revêtements de sols contribuent à la pollution de l’air de nos logements , avec des niveaux de dégagements seulement corrects (pour les meilleurs produits) au bout d’un mois. » précise Que Choisir dans un article qui donne froid aux pieds (Un tapis de polluants, Novembre 2006, Elisabeth Chesnais, p. 26) Nos meubles ? S’ils ne sont pas en bois massifs, affectés aussi ! « Le formaldéhyde, ou formol, sert de liant dans les peintures, les colles et les meubles en contreplaqué et aggloméré, entre autres. Ses particules irritent les voies respiratoires. » clarifie le magazine Capital (op. cit., p. 66)

Bref, nous avions apparemment oublié que les bois « industriels » subissaient, comme tout produit industriel digne de ce nom, une pléthore d’ajouts chimiques… Le concept de prix plancher pour des meubles à monter soi-même recélait donc un piège ! Morale de l’histoire : la qualité se paye mais le manque de qualité aussi !

Pour voir à quel point nous sommes cernés chez nous, consultez l'excellent site interactif Chemical Cocktail
 


« […] les lobbies de la chimie industrielle, qui gouvernent notre pays grâce aux complicités d’Etat, ont sournoisement concocté un décret scélérat (prenant effet en date du 1er juillet 2006), interdisant toute publicité ou enseignement qui puisse nuire au commerce de leurs « poisons » L’interdiction de fournir, par quelque moyen que ce soit, des recettes pour confectionner des produits naturels non homologués, et le simple fait d’en parler, seront ainsi assortis d’une peine de deux ans de prison et de 75 000 euros d’amende. […] Cette tentation de confiscation de la mémoire collective des citoyens n’est pas nouvelle. Rappelez-vous que c’est la vocation du Codex Alimentarius : tous les dons gratuits de la nature doivent être réglementés et taxés de dangerosité au profit des molécules chimiques brevetées. » (Michel Dogna, Le naturel interdit d’existence, Pratiques de Santé N°56, 23 septembre 2006)
 



Dessin Jean Philippe Combaz pour Satoriz
 

Etant donné notre état de santé publique désastreux (20% des enfants obèses, 15% de couple stériles, un développement sans précédent des cas de cancer, du diabète, des allergies, des troubles psychiques…) on pourrait attendre des pouvoirs publics qu’ils se penchent sérieusement sur la question des causes de cette dégradation. Que nenni ! Ils ne trouvent rien de mieux à faire que de déclarer le naturel hors la loi !

Selon le Docteur Willem, le but caché de cette loi serait de « barrer la route a toute personne étrangère au cercle des fabricants de pesticides et d'engrais chimiques et empêcher l'agriculture bio de progresser trop vite au détriment de l'agriculture "chimique". Quand on fait du bio, il faut pouvoir acheter des produits phytosanitaires naturels, maintenant, ce n'est plus possible. » (Pratiques de Santé N°57, 7 octobre 2006)

Les consommateurs ne seraient-ils pas des êtres naturels constitués de chair et de sang mais des automates, conditionnés dès leur plus tendre enfance (nous naissons tous désormais à l’hôpital) à être malades et à ingurgiter des substances chimiques pour tenter d’aller mieux (médicaments) ou, à leur insu, pour se nourrir via les résidus de pesticides ou les additifs ? N’est-t-il pas temps de nous interroger sur le système lorsque le règlement intérieur d’une école interdit pour le goûter des enfants les préparations « maison » au prétexte qu’elles ne sont pas formatées par l’industrie ?

Le Docteur Willem poursuit: « lorsque le ministère de l'Agriculture ose dire que cette loi est nécessaire parce qu'elle « garantit que les produits phytopharmaceutiques mis sur le marché sont sans danger pour l'utilisateur, le consommateur et l'environnement [...] », on bout de colère. et quand il ajoute qu'il faut faire très attention lorsque l'on emploie des produits issus de la nature {...], on sort de ses gonds. Tant d'études ont en effet été publiées sur les dangers que les pesticides [...] font courir au genre humain. Il est clair que le ministère fait semblant de ne pas le savoir. Il joue au con, et ça, ça ne passe pas. » (Pratiques de Santé N°57, 7 octobre 2006)

Con le ministère ? Probablement pas. A la solde des lobbies industriels ?  Je vous laisse répondre mais si c'était le cas, il serait alors vraiment temps de renverser ce gouvernement  et de passer à autre chose...
 


Voir aussi le site www.lemieuxetre.ch
 

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